Pouvez-vous nous raconter votre parcours jusqu’à la radiologie d’intervention et ce qui vous a donné envie de choisir cette spécialité?
Pendant ma résidence, avant même mon premier stage clinique en radiologie d’intervention (RI), je savais que ce domaine me plairait, même si je n’avais jamais mis les pieds dans une salle de RI. J’aimais les interventions, les défis, le travail d’équipe et tous les aspects pratiques. Cela dit, je n’aurais jamais pensé qu’il allait me passionner. Pendant mon stage clinique, jour après jour, je réalisais que c’était le type d’environnement dans lequel je voulais travailler, le type de travail que je voulais faire et le type d’équipe dont je voulais faire partie. Quand j’ai commencé à m’impliquer davantage dans le monde de la RI, au travers de CAIR par exemple, j’ai appris à connaître des radiologues d’intervention à différents stades de leur carrière. La découverte de leur carrière, de leur implication dans la communauté de la RI et de leur parcours a renforcé ce sentiment qu’il s’agissait là du type de carrière que je voulais embrasser.
L’éventail des interventions pratiquées par les radiologues d’intervention, le degré d’innovation contenu dans la pratique au quotidien et le côté industriel de la profession m’ont attirée d’autant plus vers cette carrière. La passion des radiologues d’intervention avec qui j’ai été amenée à travailler, quel que soit le stade de leur carrière, était inspirante. Je n’avais encore jamais rencontré un groupe de radiologues qui aimait autant leur profession que les radiologues d’intervention semblaient le faire. Après mon premier mois de stage clinique en RI, j’étais conquise : je savais que je voulais avoir ce type de carrière et faire partie d’une telle équipe, dans cette communauté passionnée et innovatrice.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontée en tant que femme en radiologie d’intervention, et comment les avez-vous surmontées?
En tant que stagiaire féminine ayant envie de s’orienter vers une carrière en radiologie d’intervention, la principale difficulté que j’ai rencontrée a été de trouver et d’entrer en contact avec des mentores au sein de la communauté de la RI. En effet, en raison du petit pourcentage de femmes en RI, cela a été difficile de rencontrer et d’apprendre à connaître une personne qui pourrait devenir ma mentore dans ce domaine. Pour réussir à trouver des mentores et à entrer en relation avec elles, j’ai principalement passé du temps dans des congrès, je me suis impliquée dans CAIR et j’ai pris le temps de réseauter avec des personnes venant de l’extérieur de ma communauté locale.
Une autre des principales difficultés auxquelles j’ai été confrontée a été d’entendre des commentaires négatifs de personnes extérieures au domaine de la radiologie d’intervention au sujet de mon ambition de faire carrière en RI. Par exemple, il n’est pas rare que d’autres stagiaires ou des titulaires mentionnent le fait que c’est une profession exigeante qui présente des risques d’exposition aux rayonnements, ou évoquent la difficulté d’avoir une famille, des enfants en tant que femme radiologue d’intervention. Le meilleur moyen que j’ai trouvé pour passer outre a été de me rappeler que ces commentaires n’émanaient pas de personnes ayant une expérience directe du domaine, puis de prendre le temps de parler avec d’autres personnes ayant des années d’expérience en RI et d’écouter leur vécu en tant que femmes radiologues d’intervention.
Apprendre à connaître des femmes radiologues d’intervention qui ont plusieurs années d’expérience, ont eu des enfants et connaissent une réussite incroyable m’a rassurée sur le fait que tous les commentaires négatifs que j’avais entendus émanaient probablement de personnes ne comprenant pas vraiment la situation. Même si certaines personnes évoquent ces difficultés avec de bonnes intentions, plus j’ai entendu d’échos de femmes radiologues d’intervention qui ne mentionnent même pas les mêmes inquiétudes sur le fait d’être une femme en RI, mais plutôt insistent sur le soutien qu’elles ont reçu en tant que femmes, plus j’ai été rassurée.
Comment le paysage de la radiologie d’intervention a-t-il évolué au fil des ans, en particulier en matière de représentation hommes/femmes?
Comme je suis encore au tout début de mon parcours, je ne suis pas en mesure de commenter ce sujet adéquatement puisqu’il traite des quelques dernières années. Je voudrais cependant souligner que rien que dans les deux dernières années, pendant mon implication au sein de la section Résidents, fellows et étudiants (RFE) de CAIR, j’ai constaté une augmentation du nombre de résidentes et d’étudiantes intéressées à faire carrière en radiologie d’intervention. Par ailleurs, de plus en plus d’étudiantes en médecine de tous horizons, impliquées dans la section RFE de CAIR, manifestent de l’intérêt pour la radiologie d’intervention. Si je me fonde sur mon expérience au sein de la section RFE, je suis convaincue que rien que dans les quelques dernières années, la RI est devenue une spécialité que les étudiants et étudiantes connaissent davantage, et qui attirera des personnes de plus en plus diverses au fil des ans.
Pouvez-vous nous parler des occasions de réseautage destinées aux femmes en radiologie d’intervention?
L’organisme CAIR propose différentes occasions de réseautage pour les femmes en RI. Être membre actif de la section RFE de CAIR ouvre des portes pour rencontrer d’autres étudiantes que la RI intéresse et travailler avec elles. Cette section organise également chaque année une table ronde virtuelle Femmes en RI, qui représente une occasion formidable d’entendre certaines des radiologues d’intervention de pointe de tout le pays. Le Congrès scientifique annuel de CAIR est un excellent événement auquel assister en personne pour rencontrer des femmes du domaine et apprendre à leur contact. Lors de ce congrès se tient un cocktail Femmes en RI qui a connu un succès incroyable ces dernières années et représente une occasion formidable de parler avec d’autres femmes en RI.
Recommandez-vous certaines associations ou conférences pour le réseautage et le perfectionnement professionnel en radiologie d’intervention?
Les Congrès scientifiques annuels de CAIR, de la Society of Interventional Radiology (SIR) aux États-Unis et de la Cardiovascular Interventional Radiological Society of Europe (CIRSE) sont les principales conférences auxquelles j’ai personnellement assisté avec plaisir et où j’ai été en mesure de réseauter. Il s’agit d’événements formidables qui fournissent de multiples occasions de proposer des articles de recherche et des présentations, que ce soit pour les présenter ou pour obtenir du financement. Et même si vous ne proposez pas de présentation, assister tout simplement à ces réunions est un excellent moyen d’en apprendre davantage sur la radiologie d’intervention et de rencontrer d’autres étudiants qui vous ressemblent.
Que conseillez-vous aux femmes radiologues d’intervention qui s’orientent vers des postes de responsable dans la spécialité?
Commencez dès maintenant à renforcer vos compétences de leader même en tant que stagiaire. Soyez patiente, prenez le temps d’apprendre à vous connaître en tant que responsable et d’apprendre des membres de votre équipe, mais aussi avec eux. Gardez le plus possible un pied dans la porte, nouez et entretenez de bonnes relations avec vos collègues du domaine de la RI, tant dans votre établissement que partout au pays. Si vous devez faire face à une situation difficile et que vous ne savez pas bien comment vous y prendre, n’ayez pas peur de communiquer avec un pair ou un mentor afin d’en parler et d’obtenir de l’aide. Enfin, ayez confiance en vos capacités de réussir dans un rôle de responsable et travaillez dur afin de vous astreindre à l’excellence.
Que pourraient faire les femmes pour favoriser le soutien et la collaboration dans le domaine de la radiologie d’intervention?
Selon moi, le plus important à faire pour quiconque travaille en radiologie d’intervention est de soutenir et d’encourager les autres dans leurs activités. C’est tellement facile d’être aimable et d’encourager les autres qui s’échinent à atteindre leurs objectifs… Par ailleurs, en tant que femme dans ce domaine, il est particulièrement important non seulement d’être une alliée, mais aussi de savoir en reconnaître une. Il faut prendre le temps de nouer des relations avec d’autres femmes qui travaillent en RI ou qui veulent faire carrière dans ce domaine. C’est quand des responsables féminines de RI ont engagé des conversations simples de tous les jours avec moi que je me suis sentie le plus à l’aise et soutenue. Il est essentiel de créer un environnement ouvert qui encourage la positivité et le soutien pour les femmes pendant leur parcours vers la radiologie d’intervention et tout au long de leur carrière.
Pouvez-vous nous parler d’initiatives ou de projets dans lesquels vous vous êtes impliquée dans le but de remédier à la disparité hommes/femmes ou d’améliorer la représentation des femmes en radiologie d’intervention?
J’ai eu la chance de participer à plusieurs initiatives qui améliorent la représentation des femmes en radiologie d’intervention, la plupart dans le cadre de CAIR ou d’organismes ou de communautés similaires, comme la SIR.
CAIR organise un cocktail Femmes en RI lors de son Congrès scientifique annuel : c’est une excellente occasion de rencontrer d’autres femmes qui travaillent en radiologie, qu’elles soient titulaires, stagiaires ou technologues et infirmières dans le domaine.
De même, lors du Congrès scientifique annuel de la SIR, j’ai eu la chance de participer à des séances Women in IR, de découvrir le vécu d’autres personnes et de rencontrer des femmes en RI.
Grâce à l’important leadership féminin de l’organisme CAIR, j’ai eu la chance de participer, aux côtés de la directrice générale et la présidente, à des réunions avec d’autres organismes comme la British Society of Interventional Radiology (BSIR) pour discuter de la diversité au sein de leurs équipes de direction et de leur organisme.
Ces deux dernières années, depuis que je suis membre de la section RFE de CAIR, cette équipe a organisé des activités virtuelles Femmes en RI formidables avec tout un panel de conférencières éminentes. Le simple faire de faire partie de la section RFE et de voir le comité Femmes en RI grandir et organiser de telles activités a été en soi une expérience incroyable. Grâce à de telles impulsions, je suis convaincue que la diversité des étudiants et étudiantes que la radiologie d’intervention intéresse et qui veulent en faire leur carrière ne pourra que grandir.