La Dre Jaspreet Bajwa
Étudiante en surspécialisation clinique en radiologie d’intervention
Université de Toronto


Pouvez-vous nous raconter votre parcours jusqu’à la radiologie d’intervention et ce qui vous a donné envie de choisir cette spécialité?

Jusqu’à mon premier stage clinique en radiologie d’intervention (RI), je n’avais jamais envisagé cette spécialité. Pendant ma résidence, j’ai bien aimé tous mes stages cliniques, mais plus particulièrement les stages en imagerie mammaire, musculosquelettique et du corps entier parce qu’ils comportaient un aspect clinique et d’intervention. J’ai été heureuse de revoir les patients, et encore plus de travailler avec mes mains. Mon premier stage en RI a renforcé ce sentiment, mais ce n’est que lors de mon deuxième stage en RI, quand mes professeurs m’ont interpellée et encouragée à envisager sérieusement une carrière en RI, que je me suis mise à envisager cette voie. Je me suis renseignée sur la profession et me suis entretenue avec le plus de personnes possible à ce sujet, ce qui m’a convaincue qu’une carrière en RI serait ce qui m’apporterait le plus de satisfaction, professionnellement parlant.


Comment réussissez-vous à concilier vie professionnelle et vie personnelle dans un domaine aussi exigeant que l’est la radiologie d’intervention?

La formation en surspécialisation est une année qui comporte bon nombre de hauts et de bas, et qui nécessite un investissement énorme en temps et en énergie. Pour réussir, je pense qu’il est important de pouvoir compter sur un bon réseau de soutien en dehors du travail : cela aide à garder les pieds sur terre et à relativiser les choses. Gardez aussi en tête que vous n’avez pas à tout faire vous-même : sous-traitez les corvées ou les tâches auxquelles vous accordez moins d’importance afin de gagner du temps pour faire autre chose. Par exemple, faites votre épicerie en ligne ou faites-vous livrer, embauchez quelqu’un pour faire le ménage, etc. Établissez une liste de priorités, adoptez une bonne éthique de travail et ayez un bon réseau de soutien… Voilà tout ce dont vous aurez besoin pour passer une bonne année de surspécialisation!


Que conseillez-vous aux femmes qui souhaitent entrer dans le domaine de la radiologie d’intervention?

Je les encourage à parler à des femmes qui travaillent déjà dans ce domaine, à leur poser toutes les questions auxquelles elles pensent, et à ne pas avoir peur de poser les questions difficiles sur des sujets comme la grossesse, la vie de famille et les risques liés aux rayonnements. Je conseille de parler à plusieurs personnes pour obtenir des perspectives diversifiées. En effet, plus elles auront d’informations, mieux elles seront équipées pour prendre des décisions qui auront des répercussions sur leur vie et leur carrière.


Recommandez-vous de se concentrer sur certaines compétences ou certains domaines de connaissances en particulier pendant la formation en vue d’une carrière en radiologie d’intervention?

Je recommande fortement de manipuler des aiguilles et des sondes le plus souvent possible pendant la résidence. C’est notre expertise dans la manipulation des sondes échographiques et des aiguilles qui nous distingue des autres spécialités et nous donne accès à presque tous les organes du corps humain. L’acquisition de ce savoir-faire essentiel vous mettra aussi sur la voie de la réussite dans votre surspécialisation : vous pourrez ensuite affiner vos compétences afin d’atteindre les plus petites cibles et ajouter le guidage par fluoroscopie et tomodensitométrie à votre arsenal. La surspécialisation ne dure qu’un an, donc pour en tirer le maximum, c’est une bonne idée de mettre le plus vite possible la main à la pâte.


En quoi la diversité permet-elle, selon vous, d’améliorer la pratique de la radiologie d’intervention?

Une plus grande diversité parmi les médecins de RI entraîne une meilleure compréhension de la diversité de nos patients, ce qui permet de leur offrir un environnement plus inclusif pour le traitement de leurs problèmes de santé. C’est particulièrement important quand il existe des obstacles culturels ou linguistiques à l’obtention d’un traitement, et quand des spécialistes proviennent de tous horizons, cela permet de réduire certains de ces obstacles. Plus spécifiquement, s’il y a davantage de femmes en RI, cela pourrait entraîner davantage d’attention portée aux problèmes de santé typiquement féminins, en particulier lors de l’élaboration de protocoles d’intervention ou de schémas de soulagement de la douleur lors d’interventions comme l’embolisation de l’artère utérine, les interventions mammaires et le traitement de varices pelviennes, notamment.


Recommandez-vous certaines associations ou conférences pour le réseautage et le perfectionnement professionnel en radiologie d’intervention?

La section RFE de CAIR est un excellent point de départ au Canada. Vous y rencontrerez des personnes qui vous ressemblent à tous les stades de formation et pourrez devenir amis avec des gens que vous risquez fort de voir et de revoir tout au long de votre carrière en RI. Je vous recommande fortement d’assister aux réunions en ligne et en personne, et, en tant qu’étudiant ou étudiante, d’envoyer des cas au Club d’angio virtuel et lors de la Journée des résidents et fellows du Congrès annuel. Plus vous ferez de rencontres, plus vous recevrez de conseils sur la RI.


Vous êtes-vous trouvée confrontée à des stéréotypes ou à des préjugés sur les femmes en radiologie d’intervention, et si oui, comment y répondez-vous?

Oui. Avant de m’inscrire à la section RFE de CAIR, je pensais que les femmes qui s’orientaient en RI devaient être du type à pouvoir s’intégrer à un club réservé aux hommes, s’habiller de façon à ce que personne ne s’inquiète de savoir si elles pourraient porter un tablier de plomb toute la journée et avoir une forte personnalité pour prouver qu’elles pouvaient prendre les rênes en salle d’angiographie. Mais après avoir vu tant de femmes s’intéresser à la RI au sein de la section RFE, avec des origines culturelles, des personnalités et des styles de leadership tellement divers, j’ai tout de suite eu le sentiment d’être à ma place. J’ai su que moi aussi, je pouvais être radiologue d’intervention et que je ne serai pas marginalisée. Il y a suffisamment de place pour tout le monde dans ce domaine, alors ne laissez pas des stéréotypes vous empêcher de faire ce que vous aimez!